Rêves, révoltes et voluptés: Jean-Paul Curnier

Rêves, révoltes et voluptés: Jean-Paul Curnier
Les temps ne sont plus à être aussi libres que Jean-Paul Curnier l´a été, jusqu´à sa mort le 5 août 2017. La liberté a perdu la plupart de ses attraits, dont on ne sait plus quoi faire, dont on a peur de faire quoi que ce soit. Pas pour lui, à qui elle n´a jamais suffi. Toute son oeuvre le démontre. Philosophie ou pensée, comment la résumer d´un mot ? Celui-ci peut la qualifier, qui ne la réduit pas : le rire.
Ce rire, peut-être Jean-Paul Curnier l´a-t-il intellectuellement tenu de Baudrillard. Sans doute de Nietzsche et de Bataille aussi, auxquels il aura été indéfectiblement fidèle. De Sade enfin, qu´il ne citait jamais sans hilarité. Un tel rire (un état de la pensée, pas un concept) prescrit que la pensée, nécessairement, est un jeu. Un jeu tragique. Rire et jouer du tragique de l´existence, rire pareillement de tous les autres et petits tragiques.
Le tragique politique, notamment - car pour l´essentiel, son oeuvre est politique -, en s´employant à l´aggraver : ses deux plus grands livres politiques sont Aggravation et Prospérités du désastre, nés dans la revue Lignes, dont il a été l´un des maîtres d´oeuvre durant trente ans."Cap au pire", telle serait sa commination (toute beckettienne) pour, à défaut de savoir ce qu´il en résultera, au moins que cesse ce qui est.