Oeuvres

Oeuvres
"Changer la vie, oui, mais non le monde, dont je faisais ma divinité." Ce n´est pas par lâcheté, ni par indifférence que Camus s´abstient de communier dans l´amour universel et répugne aux ferveurs collectives, mais par une "folie d´équité". A ceux qui cherchent un sens à la vie, Camus répond qu´on ne sort pas du ciel qui nous contient. A ceux qui se désolent de l´absurde, Camus raconte que le monde est beau et que cela suffit à remplir le cour d´un homme.
A ceux qui souhaitent la tyrannie parce que l´Homme n´est pas à la hauteur du bien qu´on lui veut, Camus dit qu´il faut aimer les hommes avant les idées. Aux partisans de la haine, il décrit la gratitude. Aux indignés et aux sectateurs d´un "autre monde possible" qui s´endorment, sereins, sur l´oreiller des contestations incontestables, Camus enseigne que la véritable exigence est le contraire de la radicalité.
Sa solitude n´est jamais celle du misanthrope. Son combat n´est pas celui du révolutionnaire. A l´inverse de ceux dont le goût de l´absolu s´épanouit dans l´inefficacité pratique, les héros de Camus baissent rarement les bras dans une bataille qu´ils savent sinon perdue d´avance, du moins toujours à recommencer. Car enfin, c´est dans la révolte elle-même que Camus cherche "l´intransigeance exténuante de la mesure", c´est par elle qu´il veut empêcher que le monde ne se défasse, et c´est au nom du courage qu´il se méfie des enragés.
Albert Camus soigne le désespoir par le sentiment qu´il n´est pas nécessaire d´espérer pour entreprendre ; c´est le seul homme normal que je connaisse...