Le voisin de zéro : Sam Beckett

Le voisin de zéro : Sam Beckett
Editorial: Galilee
EAN: 9782718607146
15,55 €
Sense existències ara
Rep-lo a casa en una setmana per Missatger o Eco Enviament*
Pourquoi, Beckett, je peux l’aimer, un peux précieux, rare, moi qui ne suis pas du côté du noir gris, je peux l’aimer lui figé en perte d’équilibre, moi qui préfère le bond, traverser toutes les zones opaques, épaisses, paresseuses, luxurieusement paresseuses de son brouillard, pour venir l’aimer quand même, donc comme mon prochain ? À cause de l’insistance à être lui-même d’hier à l’au-delà, dès aujourd’hui, lui-même fidèle à lui-même, à être inflexiblement, si cassé, rompu soit-il, le même lui-même, sans adultération, à avoir toujours été celui qu’il serait et inversement à devenir sans fin celui qu’il aura toujours déjà été incorruptiblement, l’être devant la fin, toute la vie et tout le temps des temps à jamais devant la fin. Il doit la fin, il se la doit, il nous la doit, toute sa vie rampée devant la fin, sans mort, à vamper la fin, en vain, à camper dans le voisinage de zéro. Rêvant de zéro, à cause du croassement-vagissement-râle de sa voix Belacquienne, parce qu’il aura fait le tour du monde purgatorial purgeant-purgé, clopant-clopé pour revenir réduit à presque rien, le même sur les mêmes semelles élimées par les temps.
C’était le 14 Août 1922. Proust s’en allait. “Et si le monde allait finir – que feriez-vous ?” avait demandé le journal L’Intransigeant, petite question. Aller finir. Comme la vie nous paraîtrait brusquement délicieuse dit celui qui partait. Alors notre paresse, qui ajourne sans cesse la vie serait défaite. Si le monde allait finir, à la fin, je vivrais dit le mourant, je m’arracherais à la négligence.