Énigmes et complots

Énigmes et complots
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Pourquoi, au tournant des XIXe et XXe siècles, observe-t-on tour à tour: le développement du roman policier, dont le coeur est l´enquête, et du roman d´espionnage, qui a pour sujet le complot; l´invention, par la psychiatrie, de la paranoïa, dont l´un des symptômes principaux est la tendance à entreprendre des enquêtes interminables, prolongées jusqu´au délire; l´orientation nouvelle de la science politique qui, se saisissant de la problématique de la paranoïa, la déplace du plan psychique sur le plan social et prend pour objet l´explication des événements historiques par les "théories du complot" ; la sociologie, enfin, qui se dote de formes spécifiques de causalité -dites sociales-, pour détermine les entités, individuelles ou collectives, auxquelles peuvent être attribués les événements qui ponctuent la vie des personnes, celle des groupes, ou encore le cours de l´histoire ? La raison en est la conjoncture nouvelle que créent de profonds changements dans la façon dont est instaurée la réalité sociale.
C´est à l´Etat-nation, tel qu´il se développe à la fin du XIX° siècle, que l´on doit le projet d´organiser et d´unifier la réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgique, se heurte à une pluralité d´obstacles parmi lesquels le développement du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale. Ainsi la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l´exercice du pouvoir: où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité ? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d´autres instances, agissant dans l´ombre, banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc. ? Ainsi s´échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s´oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d´espionnage, paranoïa et sociologie -inventions à peu près concomitantes- sont solidaires d´une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l´habitent.
Les aventures du conflit entre ces deux réalités -réalité de surface contre réalité réelle- constitue le fil directeur de l´ouvrage.
C´est à l´Etat-nation, tel qu´il se développe à la fin du XIX° siècle, que l´on doit le projet d´organiser et d´unifier la réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgique, se heurte à une pluralité d´obstacles parmi lesquels le développement du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale. Ainsi la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l´exercice du pouvoir: où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité ? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d´autres instances, agissant dans l´ombre, banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc. ? Ainsi s´échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s´oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d´espionnage, paranoïa et sociologie -inventions à peu près concomitantes- sont solidaires d´une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l´habitent.
Les aventures du conflit entre ces deux réalités -réalité de surface contre réalité réelle- constitue le fil directeur de l´ouvrage.