Michel Foucault. Le pouvoir et la bataille

L’affirmation selon laquelle le pouvoir, pour Michel Foucault, serait « sans dehors », n’est pas aussi évidente qu’il y paraît. Le pouvoir a en effet un fort degré d’élaboration : il requiert pour s’exercer un minimum de continuité, de stabilité, de prévisibilité. Il laisse donc hors champ un domaine des relations humaines où la continuité est brisée, la stabilité défaite, la prévisibilité impossible. En parcourant les dits et écrits de Foucault de 1969 à 1984, cet ouvrage approche de cet autre domaine, ici nommé « bataille ». Cette scission entre deux objets de l’étude historique nous renvoie à une autre scission qui concerne l’écriture même de l’histoire, toujours prise entre la recherche de continuités et l’affrontement au discontinu, entre l’intelligibilité de l’événement et son irréductible singularité. Il y a là non seulement une certaine manière d’écrire l’histoire, mais également une certaine manière de se tenir devant l’histoire.