Cinq variations sur la sagesse, le plaisir et la mort

Cinq variations sur la sagesse, le plaisir et la mort
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"Mangeons et buvons, car après la mort il n´y a plus de plaisir!" Lorsque l´on fait effort pour retrouver explicitement ce curieux conseil non seulement chez Saint Paul, mais aussi bien dans la Sagesse ou dans le livre d´Isaïe, on constate que cette parole attribuée par les Écritures aux impies figure également chez Hérodote et Montaigne, quand ceux-ci rapportent que les Égyptiens plaçaient dans les banquets l´effigie d´un mort en bout de table; qu´elle se retrouve dans des contextes fort disparates chez Athénée de Naucratis, chez Ronsard, puis chez le libertin des Barreaux, chez Léon Chestov et, bien avant lui, chez des Pères tels que Pierre Chrysologue; puis on la rencontre encore et encore, ici sous la plume de Schopenhauer, et là dans un texte de Renan ou de Feuerbach. On remarque, chemin faisant, à quel point le matérialisme philosophique ne tend pas spontenément vers la sereine ataraxie d´Épicure. On d´couvre ou l´on redécouvre qu´une tradition anacréontique, celle d´Omar Khayyam, celle du faux épicurisme des poètes de la Pléiade, celle des vouptueux inquiets, a tout autant voix acu chapitre lorsqu´il s´agit de méditer en athée sur les mobiles de l´agir humain ou sur la possibilité d´être heureux.