Nietzsche ou La sagesse dionysiaque

À la « moraline » qui tient lieu de supplément d’âme au « dernier homme », Nietzsche oppose une sagesse de plein midi, solaire, tragique et dionysiaque à la fois dont le « Deviens ce que tu es » est la plus dense expression. Il s’agit d’habiter le monde tel qu’il est, et tel qu’il sera toujours, dans un « oui » à l’éternel retour qui culmine dans un dithyrambe à la vie. On peut même trouver la joie jusque dans la douleur et son dépassement. À l’inverse du bien-être et des conventions morales, sociales, massives sur ce qui est bon, la sagesse est un chemin absolument singulier, la chose la plus dangereuse au monde. Afin d’expliciter le sens et les caractéristiques de cette sagesse, ce bref essai inspiré par une connaissance intime de l’œuvre de Nietzsche et dialoguant avec elle, s’attarde sur les trois « pas » vigoureux qui constituent le chemin, ou plus exactement l’accès, vers la sagesse nietzschéenne : « Vénérer (obéir et apprendre) mieux que quiconque » ; « Briser le cœur qui vénère au moment où les liens sont au plus fort » ; dire oui : l’instinct du créateur, « la grande responsabilité et l’innocence »