Pharmacologie de l´université

Pharmacologie de l´université
Sense existències ara
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La philosophie se définit depuis sa
naissance par un rapport conflictuel avec
l´écriture et la technique. L´Académie de
Platon était bien, pour reprendre
l´expression de Marcel Détienne, une
« machine à écrire », mais elle s´élevait
aussi contre les Sophistes et contre les
poètes. Aujourd´hui, l´Université, héritière de
cette Académie, est la seule à pouvoir lutter
contre le « djihad néolibéral » qui asservit
savoirs et personnes à la rentabilité et à
l´employabilité, grâce aux nouvelles
possibilités de la révolution numérique.
Pourtant, seule l´industrie capitaliste, et
notamment financière, a su tirer parti de ces
technologies numériques. L´université est à
la traîne, quand elle n´est pas tout
simplement soupçonnée de cautionner des
manoeuvres frauduleuses – le documentaire
The Inside Job met ainsi en cause le rôle de
l´université de Columbia dans le monde de
la finance.
Bernard Stiegler poursuit dans ce livre la
réflexion entamée dans Prendre soin – De la
jeunesse et des générations, qui s´attachait
notamment à critiquer le règne du marketing
(que Stiegler appelle le « psychopouvoir »
dans la lignée des travaux de Foucault sur le
biopouvoir) et appelait à restaurer le dialogue
intergénérationnel que ce dernier détruit. La
révolution numérique, porteuse de digital
studies et de digital humanities, est le
pharmakon (le mal et son remède) de la
nouvelle société savante que nous devons
constituer. Elle oblige à repenser la politique
des savoirs (elle passe d´un modèle topbottom
à un modèle bottom-up), leur contenu,
leur diffusion et leur sens. C´est ce à quoi
veut contribuer ce livre, qui dialogue avec le
Kant de Qu´est-ce que les Lumières et du
Conflit des facultés.