L´art comme malentendu

L´art comme malentendu
Avec le temps, une œuvre d´art s´éloignera fatalement du sens que, par provision, son auteur lui donne. Celui-ci, néanmoins, escompte secrètement cette méprise future comme une solution possible à son énigme. S´il est vrai que «le fondement même du discours interhumain est le malentendu» (Lacan), on devrait considérer l´art, ou la relation artistique, comme un malentendu spécialement productif, paradoxal et initiatique. Ce ne sont ni les peintres ni les regardeurs qui font les tableaux, mais la conjugaison de l´inconscience des uns et des bévues des autres : ils se déchargent l´un sur l´autre de la responsabilité d´un sens qui n´en finit pas de leur échapper. Le présent ouvrage évoque quelques-unes de ces méprises en symétrie inverse, indéfiniment reconduites, et qu´on peut considérer finalement comme des «ratages réussis». Ce n´est pas le moindre intérêt de l´histoire de l´art que ces coups de théâtre qui rendent le passé lui-même imprévisible.