Contrepoint entre le sens commun et la philosophie en islam


Contrepoint entre le sens commun et la philosophie en islam

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Les « décrets » de Ghazali et d´Averroès touchent au coeur de la « religion du Livre » par excellence qu´est l´islam. Dans Le Critère décisif de distinction entre l´islam et les hypocrites (1005-1006), Ghazali explique que les philosophes, en prétendant savoir ce qui échappe aux croyants dotés du seul sens commun, s´interdisent de recevoir le Coran comme Parole révélée, et ne sauraient être ses interprètes qualifiés. Pire : leur seule existence serait une menace pour la communauté musulmane. À l´exact opposé, dans Le Livre du discours décisif où l´on établit la connexion existant entre la Révélation et la philosophie (1179-1180), en réponse à Ghazali, Averroès démontre que seul le philosophe peut apprécier pleinement la vérité révélée. Lui seul peut rendre compte de la condition du croyant doté du Livre précieux, face à Dieu artisan du monde.
Cette controverse intervient entre deux croyants. Voici deux penseurs musulmans, convaincus aussi bien de l´existence d´un Livre dans lequel Dieu s´est adressé aux êtres de raison que de l´excellence de la société musulmane. Et voici deux auteurs s´opposant radicalement quant à l´interprétation vraie du Livre sacré.
La compréhension mutuelle entre les hommes et l´existence même de débats ne présupposent-elles pas que tous partagent un même langage de base ? Ghazali, comme David Hume au XVIIIe siècle, et comme beaucoup parmi nous aujourd´hui, est persuadé de l´existence d´un tel niveau de discours qui autorise la recherche rationnelle et la discussion significative en dehors de toute philosophie, à la lumière de l´expérience commune des hommes dans un monde qui est le même pour tous. Averroès, en revanche, est convaincu que seule la philosophie est apte à résoudre les débats significatifs et que sans elle il n´y a que des opinions diverses et des expériences multiples ; enfin, et surtout, que, sans philosophie, il n´y a pas moyen d´interpréter le Coran comme Parole cohérente et véridique de Dieu.
La discussion entre Ghazali et Averroès n´est pas le débat entre philosophie et religion ou entre raison et révélation, souvent considéré comme le propre du Moyen Âge. Elle ressemble beaucoup plus à celle qui, de nos jours, se trouve au coeur de la discussion philosophique. Elle apporte une grande lumière dans le débat sur la rationalité dans l´islam rouvert par le discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne.