L´humanisme altéré

L´humanisme altéré
En définissant l´histoire de l´art comme "discipline humaniste", Erwin Panofsky entendait un tel humanisme dans la perspective de cette longue tradition, éthique autant qu´érudite, qui court depuis l´Antiquité et aura trouvé sa moderne reformulation chez Kant. L´humanisme s´entendait aussi dans son acception historique de moment crucial pour la culture occidentale, à savoir la Renaissance italienne et nordique.
C´est un fait frappant que l´histoire de l´art s´est souvent refondée dans sa propre méthode à partir d´une vision renouvelée qu´elle pouvait offrir de cette période fascinante et initiatique à bien des égards. Mais il faut compléter cette histoire de l´art par une anthropologie des images, des regards, des relations de ressemblance. Et renouer par là avec le point de vue d´Aby Warburg, pour qui l´humanisme fut un âge non seulement de conquêtes majeures, mais aussi d´inquiétudes, de tensions, de crises, de conflits.
Cet ouvrage réunit une série d´études où l´humanisme renaissant se révèle altéré dans certains objets figuratifs. On y découvre comment la ressemblance inquiète autant qu´elle s´inquiète, délivrant ses symptômes par-delà tous les signes iconographiques qu´on peut y reconnaître. Qu´il s´agisse de la Peste noire, de l´expression pathétique, du portrait ou des multiples usages figuratifs de la cire, dans tous les cas l´humanisme aura montré son malaise impensé, sa fêlure constitutive : une fatale altération qui est vocation à l´altérité.